13. Le dernier Modèle

Fondation Giacometti -  13. Le dernier Modèle

Alberto Giacometti, Buste d'homme (Lotar II), vers 1964-1965, Bronze, 57,8 x 38,2 x 25 cm, coll.Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris
© Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris)

Eli Lotar, cinéaste et photographe, est le dernier modèle masculin de Giacometti. Lotar avait fait partie de l’avant-garde surréaliste dans les années 1930. Après-guerre il ne connaît que des échecs et tombe dans la misère ; il vit alors de la générosité d’anciens amis comme Giacometti, qui lui donnait de l’argent en échange de menues courses ou de poses.

Giorgio Soavi a ainsi décrit ces poses où Lotar devait conserver une immobilité absolue : « Le regard [de Giacometti] était parcouru d’étranges lueurs, son corps vibrait de tous ses membres, il ne suivait plus que les impulsions qui gouvernaient ses mains, ses bras, ses jambes: il était en extase. Observant attentivement les deux visages, je compris le secret qui permettait à Lotar de ne pas respirer : s’il était le modèle idéal de cette sculpture, c’est qu’Eli était mort. Il ne respirait pas, ne pensait pas, restait concentré au plus haut point. Un courant électrique reliait l’artiste au modèle, les englobant dans une réelle complicité. Ils jouaient ensemble, sans ballon, ni raquette, ni filet. » Dans ces sculptures, qui évoquent le reliquaire ou la statuaire égyptienne, celui qui est devenu un clochard est élevé à la dignité de prêtre. Jean Genet notait que, pour Giacometti, les femmes sont des déesses et les hommes des prêtres « appartenant à un très haut clergé », tous se rattachant « toujours à la même famille hautaine et sombre. Familière et très proche. Inaccessible ».

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