Bourdelle et ses élèves, Académie de la Grande Chaumière, Paris, 1922

22 May 2019

Journée d'études : Le destin des femmes artistes à la période moderne

Artistes femmes passées par les académies d’art à Paris au début du XXe siècle
Institut Giacometti, Paris, France
The École des modernités At the Institut Giacometti

Organisée à l’occasion de l’exposition Flora, de Teresa Hubbard et Alexander Birchler, qui retrace le destin tragique d’une étudiante en art américaine à l’Académie de la Grande Chaumière, cette journée étudie la trajectoire de plusieurs artistes femmes venues étudier dans les académies parisiennes.


Le 22 mai 2019


Giacometti Lab

7-9, rue Schoelcher, Paris XIVe

Programme détaillé téléchargeable ci-dessous.


Que sont devenues les femmes qui, nombreuses, étudient dans les académies d’art à Paris au début du XXe siècle ? Quelle place occupe ce passage dans les trajectoires individuelles variées ?  Comment surtout expliquer l’oubli de cette présence créatrice, ferment de l’activité artistique à Paris, et du cosmopolitisme qui l’a caractérisée ? Car elles furent nombreuses à venir d’horizons sociaux et géographiques divers : Américaines, Roumaines, Brésiliennes, Chinoises, Portugaises, Japonaises, Polonaises, Grecques, Russes, Suisses, Suédoises…

Interroger cet oubli est d’autant plus important que l’exclusion des femmes de l’enseignement artistique institutionnel en a été une triste caractéristique, l’entrée à l’École des Beaux-Arts ne devenant possible qu’en 1897 (pour un seul atelier). Beaucoup des élèves des académies ont été oubliées, ou n’ont pas fait carrière. De ces artistes, l’histoire a pu retenir Berenice Abbott, Germaine Richier, Maria-Helena Viera Da Silva, Louise Janin, Mina Loy... Quelle place occupe l’enseignement qu’elles y ont reçu ? Comment considérer le rôle de nombreuses autres moins connues : Maria Brodsza, Marguerite Cossaceanu, Sigrid Fridman, Wanda Jurgielewicz, Olga Niewska, Marion Stanfield, Helena Zielinska... ? Ce sont ces chemins de la création, entre ascension, bifurcations, disparitions et oublis qu’il s’agit d’étudier.   

Le cas de l’Académie de la Grande Chaumière et l’atelier d’Antoine Bourdelle, qui a fait l’objet d’une attention renouvelée récemment, est exemplaire. Aux côtés d’élèves célèbres comme Alberto Giacometti, ou Germaine Richier, d’autres, comme l’américaine Flora Mayo, compagne de Giacometti à la Grande Chaumière, ont eu des carrières et des destins brisés. Bourdelle, mentor ou contre-modèle, se pensait comme un camarade parmi de jeunes artistes qu’il formait aussi bien à la Grande Chaumière que pour d’autres dans son atelier rue du Maine. Mais que tirent les artistes de l’enseignement reçu dans ces lieux ? Quelles affinités ont pu s’y former ? Comment y évoluent les femmes, entre leur statut d’élève, mais aussi d’apprentie, d’assistante, et parfois de maîtresse ? Et que deviennent-elles ensuite ? 

Il faut se demander si ce n’est pas dans ces relations, avant même que les destins ne soient scellés que se jouent des échanges importants, à côté de la relation au maître et de l’enseignement académique. Dans l’intégration ou le rejet d’un modèle, dans la confirmation ou l’abandon d’une vocation s’exprime la singularité de la création des femmes qui ont dû arracher leur contribution à la modernité. Il ne s’agit donc pas simplement de rendre lisibles des noms, mais aussi, de rendre visibles des œuvres qui ont su trouver leur voie au-delà et souvent contre cet enseignement académique.

 Programme de la journée

 
9h30 Accueil 
 
9h50 - Mot de bienvenue
Catherine Grenier, Directrice de la Fondation Giacometti, Paris, Présidente de l’Institut Giacometti
Christian Alandete, Directeur Artistique de l’Institut Giacometti
 
10h00 - Introduction
Hugo Daniel, docteur en histoire de l’art, Responsable de l’Ecole des Modernités
 
10h15 – 11h15 Séance 1
 « Le rôle des académies parisiennes dans la formation des sculptrices au tournant du XIXe siècle »
Eva Belgherbi, doctorante en histoire de l’art contemporain à l’Université de Poitiers et à l’École du Louvre
 
« Alberto Giacometti et les élèves femmes de la Grande Chaumière »
Serena Bucalo-Mussely, Attachée de conservation, Chargée de recherche à la Fondation Giacometti
 
Modération : Christian Alandete
 
11h30 – 12h30 Séance 2
 « “Prenez garde, Messieurs, les femmes d'ici sont très fortes”. Des femmes en nombre dans les cours et ateliers d'Antoine Bourdelle »
Claire Boisserolles, Responsable des archives, de la documentation et des bibliothèques au musée Bourdelle, co-commissaire de l’exposition « Transmission/transgression – Maîtres et élèves dans l’atelier »
 
« “L'art, lui, ne s'enseigne jamais”. Marcelle Cahn et Laure Garcin, de l’académisme à la modernité »
Marion Sergent, doctorante en histoire de l’art à l’Université Paris Sorbonne, boursière de la Fondation Giacometti.
 
Modération : Charlotte Foucher Zarmanian
 
14h30 – 15h30 Séance 3
 « Entre bienséance et désir d'émancipation : sur quelques artistes femmes dans les académies d'art et ateliers privés à Paris autour de 1900 »
Charlotte Foucher Zarmanian, docteure en histoire de l’art, chargée de recherches au CNRS, affiliée au Laboratoire d’Études de Genre et de Sexualité
 
« Marie Vassilieff, créatrice d’académies non académiques »
Emilie Bouvard, docteure en histoire de l’art, conservatrice du patrimoine en poste au Musée national Picasso-Paris, co-commissaire de l’exposition « Une journée avec Marie Vassilieff »
 
Modération : Marion Sergent
 
15h45 – 16h45 Séance 4
 « Portrait du poète en jeune artiste » : Mina Loy à l’académie Colarossi »
Yasna Bozhkova, docteure en littérature américaine, Professeure agrégée d’anglais à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
 
« L’enseignement des artistes femmes, un combat féministe ? »
Catherine Gonnard, chargée de mission documentaire à la valorisation scientifique à l’INA, essayiste
 
Modération : Hugo Daniel


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