Fondation Giacometti

Le thème de ce tableau n'est pas très ordinaire dans les tableaux de jeunesse de Giacometti. Rares aussi sont les scènes de fête ou de danse dans les peintures de son père Giovanni, qui ont beaucoup influencé le jeune Alberto. On connaît seulement un dessin de ce dernier, au dos d’une aquarelle de 1920 environ, où sont représentés des personnages dansant en rond.
La façon de traiter le paysage, en revanche, est tout à fait typique des tableaux peints par Alberto autour de 1920 à Stampa ou à Maloja, dans les Grisons suisses, d'où la famille Giacometti était originaire. Les larges coups de pinceau et les couleurs vives montrent l'intérêt du jeune Alberto pour le pointillisme et le pleinairisme allemand et suisse, au travers de l'exemple de son père Giovanni. On trouve dans bien d'autres paysages de jeunesse d'Alberto cette même façon de représenter les montagnes de sa région : les cimes aux couleurs chaudes immergées dans des nuages azur et rose clair, avec des petites parties de toile laissées vierges. Quand il travaillait dans l'atelier de son père, à la fin des années dix et au début des années vingt, Alberto peignait le plus souvent sur des toiles au grain assez grossier, comme celle-ci. Comme il est visible dans beaucoup de ses tableaux de jeunesse, il commençait sa composition sur la toile par un dessin préparatoire au pinceau bleu ou rouge, qu'il s'agisse d'un paysage ou d'un portrait. Dans ce tableau, ces traits de dessin sont très visibles : rouges pour les personnages qui dansent, bleus pour le paysage. Certains des personnages au deuxième plan sont d'ailleurs esquissés uniquement par ces traits rouges.
Ce tableau n'est pas daté par l’artiste, mais son style très proche d'autres paysages peints par Giacometti en 1920 conduit à le dater entre 1918 et 1922 : c'est à partir de 1918 que Giacometti commence à employer dans ses peintures de paysage ces touches de pinceaux larges et rapides, d'inspiration neo-impressionniste, mais en 1921-1922, avec ses premiers séjours à Rome et Paris son style évoluera nettement, et acquerra de plus en plus d'autonomie par rapport à l'oeuvre de son père. Cette toile, non signée, ne semble pas avoir été exposée du vivant de l'artiste ; mais elle a été considérée assez achevée pour être offerte par lui à sa cousine.

Sans inscription

Collection particulière
Collection particulière
Vente Christie's Zurich (Suisse), 27 mai 2013, lot n°100

Swiss Art, Zurich : Christie's, 2013, lot n° 100, p. 62-63, ill. p. 63