Repères chronologiques
Alberto Giacometti (1901-1966)
1901
Alberto Giacometti naît le 10 octobre à Borgonovo, petit village de la Suisse italienne, dans le Val Bregaglia, à quelques kilomètres de la frontière. Il est le premier fils du peintre et graveur impressionniste suisse Giovanni Giacometti (1868-1933) et d’Annetta Stampa (1871-1964). Il aura deux frères, Diego (1902-1985) et Bruno (né en 1907), et une sœur, Ottilia (1904-1937). Les peintres suisses Cuno Amiet et Ferdinand Hodler sont les parrains d’Alberto et de Bruno.
1906
Emménagement à Stampa, à deux kilomètres de Borgonovo, où Giovanni installe un atelier.
1910
À partir de 1910 acquisition de la maison d’été de Maloja, au bord du lac de Sils, où Giovanni installe un autre atelier.
1914-1915
Premier portrait sculpté de son frère Diego.
Première peinture à l’huile : Nature morte aux pommes.
1915 – 1919
Inscrit au collège protestant de Schiers, près de Coire, il réalise ses premières gravures sur bois, dont un portrait de son camarade Lucas Lichtenhan. Exécute aussi des bustes sculptés ou peints de ses camarades Simon Bérard et Jean Delorme.
1919
Interrompt ses études secondaires et s’inscrit à l’École des Beaux-Arts, puis à l’École des Arts et Métiers de Genève.
1920
Voyage à Venise avec son père, invité par la Biennale.
Séjour de presque un an à Rome et visites d’Assise, Florence et Naples.
1922
Arrive à Paris en janvier pour étudier la sculpture. Fréquente épisodiquement jusqu’en 1926 l’Académie de la Grande Chaumière, dans l’atelier de Bourdelle.
1925
Première participation au Salon des Tuileries.
1926
Installation le 1er décembre dans l’atelier du 46 rue Hippolyte-Maindron.
1927
Participation au Salon des Tuileries avec le Couple et la Femme cuillère.
1929
Grâce à Jeanne Bucher qui l’expose dans sa galerie, il entre en contact avec Jean Cocteau, les Noailles et André Masson, qui l’introduisent dans les milieux surréalistes. Il est soutenu par les critiques Christian Zervos et Carl Einstein.
Contrat d’un an avec la galerie Pierre, dirigée par Pierre Loeb. Premières fontes en bronze de ses œuvres.
Premier article monographique consacré à son œuvre, sous la plume de Michel Leiris dans la revue Documents.
1930
Son frère Diego le rejoint définitivement à Paris.
Commence à produire des objets d’art décoratif pour des décorateurs, dont Jean-Michel Frank.
Devient membre du groupe surréaliste d’André Breton, et participe à ses activités, publications et expositions.
1932
Première exposition personnelle à Paris, galerie Pierre Colle.
1933
Première estampe pour l’illustration d’un livre : Les Pieds dans le plat, de René Crevel.
Mort de son père le 26 juin. Passe plusieurs mois en Suisse jusqu’en 1934 à régler la succession de son père.
1934
Témoin du mariage d’André Breton et de Jacqueline Lamba en août, il illustre de quatre estampes le recueil composé par le poète à cette occasion, L’Air de l’eau.
Première exposition personnelle à New York, galerie Julien Levy, en décembre.
1935
Est exclu du groupe surréaliste, le 14 février.
Inauguration en mars, rue du faubourg Saint-Honoré à Paris, de la boutique du décorateur Jean-Michel Frank, dont il est l’un des créateurs vedettes.
Participe de 1935 à 1940 à de nombreuses expositions de groupe dans le monde avec son œuvre surréaliste, tout en menant une recherche solitaire sur les têtes. Fréquente Balthus, Gruber, Tal Coat, et le groupe autour de la revue Abstraction-Création.
1936
Confie à Pierre Matisse la représentation de son œuvre aux États-Unis.
Le Palais de 4 heures entre dans les collections du Museum of Modern Art de New York, première œuvre dans un musée.
1937
Mort de sa sœur Ottilia, le 10 octobre à Genève, à l’occasion de la naissance de son seul neveu, Silvio, qui posera pour lui pendant la guerre.
1940
Participe avec son frère à l’exode en bicyclette. S’arrête à Gien et rentre à Paris.
1942-1945
Reste en Suisse pour la durée de la guerre, partageant son temps entre Genève, Stampa et Maloja. Il y retrouve l’éditeur Albert Skira, et rencontre celle qui deviendra son épouse en 1949 et l’un de ses modèles favoris, Annette Arm (1923-1993).
1945
En septembre rentre à Paris, où Diego a pu lui conserver son atelier dans l’état où il l’avait laissé. Retrouve le milieu littéraire parisien.
1946
Réalise une série de portraits de personnalités des arts et lettres : Marie-Laure de Noailles, Simone de Beauvoir, et une tête du héros de la Résistance Rol-Tanguy à la demande d’Aragon.
Travaille à l’illustration d’Histoire de rats de Georges Bataille, qui paraît en 1947.
Annette Arm emménage rue Hippolyte-Maindron.
1947
Période d’activité intense pour la préparation de son exposition à New York.
1948
En janvier, première exposition personnelle de ses œuvres nouvelles depuis 1934, à la galerie Pierre Matisse à New York. Sartre écrit la préface du catalogue. La galerie lui consacrera des expositions personnelles en 1950, 1958, 1961 et 1964.
Premier article monographique dans la presse américaine, dans la revue Harper’s Bazaar, illustré de photographies de Brassaï.
1949
Achat de l’Homme qui pointe par la Tate Gallery de Londres, première œuvre acquise par un musée européen.
Première lithographie, le Portrait de Tristan Tzara pour le frontispice de Phases.
Il épouse Annette Arm le 19 juillet.
Projet de médaille Jean-Paul Sartre.
1951
Première exposition à la galerie Maeght à Paris, où se succéderont d’autres expositions en 1954, 1957 et 1961.
À cette occasion, il réalise les premières planches lithographiques éditées par Maeght, pour la revue Derrière le miroir. D’autres suivront, pour la revue ou sous forme de tirage numéroté, en 1954 puis chaque année de 1957 à 1961.
Francis Ponge lui consacre un important essai dans la revue Cahiers d’art, illustré de photographies d’Ernst Scheidegger.
Achat de la Cage par le musée de Grenoble, première œuvre à entrer dans les collections publiques françaises. Don par Charles de Noailles de la Table surréaliste au Musée national d’art moderne, première œuvre dans les collections nationales.
1954
Première exposition monographique dans un musée, à Santa Barbara en Californie.
Jean Genet commence à poser pour Giacometti ; il posera jusqu’en 1957.
Jean-Paul Sartre lui consacre un deuxième essai, publié dans la revue Derrière le miroir.
Projet de médaille Henri Matisse.
1955
Premières rétrospectives dans des musées à New York, à Londres, et en Allemagne.
Début d’une intense collaboration, qui durera jusqu’à sa mort, avec les écrivains et poètes pour illustrer leurs livres ou leurs poèmes, de dessins ou d’estampes : René Char, Jean Genet, André du Bouchet, Paul Eluard, Jacques Dupin, Olivier Larronde, Lena Leclercq, Édith Boissonas. Il illustre aussi Honoré de Balzac, Arthur Rimbaud, Miguel de Cervantès, Pierre Reverdy et René Crevel à titre posthume.
1956
Il expose au pavillon français à la Biennale de Venise, et à la Kunsthalle de Berne.
En octobre, Isaku Yanaihara, professeur de philosophie française à l’Université d’Osaka, commence à poser pour lui. Il reviendra poser chaque été en 1957, 1959, 1960 et 1961.
1957
Jean Genet écrit "L’Atelier d’Alberto Giacometti", qui paraît dans la revue Derrière le miroir, puis sous forme de livre illustré de photographies d’Ernst Scheidegger en 1963.
1958
Première exposition monographique au Japon, à Tokyo, à la galerie Minami.
Première publication à Zurich d’une sélection de ses écrits par Ernst Scheidegger.
Rencontre Caroline (née en 1938), qui posera pour lui de 1960 à 1965.
1959
S’engage à terminer le livre Paris sans fin, dont il est l’auteur du texte et des illustrations, qui sera publié en 1969. Participe au concours sur invitation pour le monument pour la place devant la Chase Manhattan Bank à New York. Ce travail l’absorbe pendant un an jusqu’au printemps 1960.
1961
Parution du livre de Michel Leiris, Vivantes cendres, innommées qui évoque la tentative de suicide de l’écrivain le 29 mai 1957, illustré de 52 eaux-fortes.
Remporte le premier prix de sculpture à l’exposition Pittsburgh International, organisée par le Carnegie Institute.
Fait la couverture du magazine parisien L’Express, le 8 juin.
1962
Invité de la Biennale de Venise avec une exposition personnelle, il remporte le grand prix de sculpture.
Grande rétrospective au Kunsthaus de Zurich.
1963
En février est opéré d’un cancer à l’estomac. L’opération est un succès.
1964
Mort de sa mère, le 25 janvier.
Reçoit en janvier le prix Guggenheim International de peinture, décerné par le Solomon R. Guggenheim Museum de New York.
Inauguration le 28 juillet de la cour et de la salle Giacometti à la Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint-Paul-de-Vence, à laquelle il a fait don d’une série de sculptures.
Le photographe Eli Lotar commence à poser pour des bustes, jusqu’en 1965.
1965
Trois rétrospectives ont lieu à Londres (Tate Gallery), New York (Museum of Modern Art) et Humlebaek, Danemark (Louisiana Museum). Il participe activement à la préparation de celle de Londres, organisée par David Sylvester.
Rédaction du texte pour son livre sur les copies à bord du bateau qui traverse l’Atlantique.
Fait la couverture du New York Times Magazine en juin.
Reçoit le grand prix national des Arts, décerné par le ministère français des Affaires culturelles.
Création le 16 décembre à Zurich de la Alberto Giacometti-Stiftung de Zurich, par achat d’une partie de la collection de G. David Thompson, qui préparait à Pittsburgh un musée avec une salle consacrée à l’artiste.
1966
Pendant une courte hospitalisation pour des examens de contrôle, il décède le 11 janvier 1966 d’épuisement cardiaque à l’hôpital de Coire, et est enterré le 15 janvier au cimetière de Borgonovo.
1969
La première rétrospective française de son œuvre se tient à l’Orangerie des Tuileries.
L’éditeur Tériade publie Paris sans fin, avec 150 lithographies sélectionnées parmi celles que Giacometti avait créées en prévision du livre.
1993
Mort d’Annette Giacometti le 19 septembre 1993. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise.