Du 29 avril au 24 juil. 2010

Daniel Buren & Alberto Giacometti. Oeuvres contemporaines 1964‑1966

Galerie Kamel Mennour
Paris, France

La Fondation Giacometti et la Galerie Kamel Mennour de Paris ont le plaisir de présenter une exposition portant sur le rapport entre l'oeuvre de Daniel Buren et la production d'Alberto Giacometti.

Faire se rencontrer l’oeuvre de deux artistes ne laisse parfois pas beaucoup d’alternative entre créer un dialogue (chercher l’affinité, la complémentarité ou la complicité des oeuvres entre elles) et jouer le repoussoir (exhausser les différences). A fortiori quand l’un des deux s’est absenté. Ainsi l’exposition de Daniel Buren et d’Alberto Giacometti à la galerie Kamel Mennour, fruit d’une collaboration exceptionnelle entre l’artiste, la galerie et la Fondation Alberto et Annette Giacometti, pourrait donner lieu à d’infinies comparaisons et oppositions. Une perspective convergente soulignerait que ces deux artistes sont reconnaissables entre tous par la marque de fabrique qu’ils ont inventée: la rayure pour Buren et les silhouettes élongées, les portraits au seuil de la disparition dans les toiles de Giacometti. Dans une perspective contraire, on opposera un Buren affirmant dans sa Mise en garde (1969) que «la peinture ne devrait plus être la vision/illusion quelconque, même mentale, d’un phénomène (nature, subconscient, géométrie), mais visualité de la peinture elle-même» et un Giacometti obsédé par le surgissement d’une vérité par-delà la figure peinte ou sculptée. L’inventaire des convergences et des divergences pourrait être poursuivi et serait inutile, sauf à niveler l’entreprise de chacun des artistes.

L’intérêt de cette rencontre réside donc ailleurs : c’est la courte fenêtre synchronique (1964-1966) dans laquelle les oeuvres ont été sélectionnées qui en donne le sésame. Quelle est l’actualité des deux artistes dans cet interstice temporel? Pour Buren, ces deux années correspondent à l’apparition du motif de la rayure et à une intense période d’expérimentations sur ce thème. Tandis que les premières rayures, dessinées au scotch, étaient peintes et servaient de fond à des formes organiques qui les recouvraient parfois, elles sont remplacées dès la fin 1965, après le «miracle» du Marché Saint-Pierre, par un tissu industriel déjà rayé. Tissées ou sérigraphiées, elles conditionnent différemment l’intervention picturale de l’artiste sur ces toiles. Buren n’a pas en effet renoncé à peindre et cherche à éviter l’assimilation de son projet avec le ready-made. Si ces années sont celles de la mise en place du système Buren, aboutissant en 1967 à la définition de son «outil visuel», pour Giacometti en revanche elles correspondent à ce qu’il est désormais convenu d’appeler «l’oeuvre ultime». Il meurt en janvier 1966 au faîte de sa reconnaissance internationale: grand prix de sculpture de la Biennale de Venise en 1962; ouverture de trois rétrospectives à Londres (Tate Gallery), New York (MOMA) et Humlebaek (Louisiana Museum au Danemark) en 1965, année où il reçoit le grand prix national des Arts décerné par le ministère français des Affaires Culturelles. Ses dernières oeuvres sculptées sont principalement des bustes en bronze, en particulier celui d’Annette sa femme ou encore d’Elie Lotar cinéaste. Ils sont saisissants par la disparition imminente du visage, comme rogné ou rongé, et par une aspiration au mouvement capturé et enkysté dans leur tronc-socle.

Pour rechercher une œuvre consulter l’Alberto Giacometti Database