10. Cinquante ans d'estampes
Giacometti a réalisé ses premières estampes, des gravures sur bois, aux côtés de son père alors qu’il est encore un écolier. Au cours de sa vie, Giacometti pratiqua toutes les techniques de l’estampe: bois, burin, eau-forte, aquatinte et surtout la lithographie, à partir de 1949.
Témoin du mariage d’André Breton en 1934, il illustre le recueil offert par le poète à sa jeune épouse, L’ Air de l’eau. Grand amateur de livres et ami de nombreux écrivains et poètes, Giacometti illustra aussi les écrits de René Crevel (Les Pieds dans le Plat, 1933), Georges Bataille (Histoire de rats, 1947), Michel Leiris (Vivantes cendres, innommées, 1961) ou René Char (Retour Amont, 1965). A partir de 1951, il réalise des planches lithographiques éditées séparément par la galerie Maeght. Giacometti a toujours été un partisan de la diffusion de son œuvre grâce à l’édition de qualité, qu’il s’agisse de ses objets d’art décoratif par la fonte en bronze ou de ses dessins au moyen de l’estampe.
La lithographie est un médium qui se prête bien à cette diffusion, surtout à partir de 1961 quand le prix de ses autres œuvres devient très élevé. La lithographie par report du dessin sur plaque de zinc offre en outre l’avantage de ne nécessiter qu’un matériel léger et maniable : du papier spécial et un crayon lithographique qui laisse toute sa spontanéité au trait. L’artiste peut ainsi sortir de l’atelier dans la rue et croquer sa ville, les terrasses des cafés, le métro aérien, les chantiers de modernisation comme l’aéroport d’Orly, l’imprimerie du lithographe, pour revenir à l’atelier. Ce sera le sujet de Paris sans fin, recueil de 150 estampes commandé par l’éditeur Tériade, auquel Giacometti travaille à partir de 1959 et qui ne sera publié qu’après sa mort prématurée.