Gérard Collin-Thiébaut, Grammaire sentimentale

Fondation Giacometti -  Gérard Collin-Thiébaut, Grammaire sentimentale

L’exposition consacrée à Gérard Collin-Thiébaut par le Frac Franche-Comté s’intitule Grammaire sentimentale, un titre paradoxal, presque un oxymore, tant la dimension affective et aléatoire évoquée par le second terme du titre semble à priori incompatible avec la rigueur normative du premier. Pourtant si l’exposition déploie le vocabulaire, la syntaxe, autrement dit le langage propre à cet artiste prolixe et singulier, elle est aussi l’expression de sa passion pour la culture populaire, la littérature, la musique, les oeuvres d’art et autant les hommes qui les font. La singularité ne peut exister sans les uns, sans les autres, d’où le choix de mêler à ses propres oeuvres celles qu’il a choisies dans les collections du Frac et certaines d’autres artistes, célèbres ou moins connus, tels Lucien Coutaud, Alberto Giacometti, Charlotte Guinot Bacot, Saodat Ismailova,…
« Il faut de tout pour faire un monde » dit-il.

L’oeuvre de Gérard Collin-Thiébaut est plurielle, immense et labyrinthique. L’exposition qui se déploie dans toutes les salles du Frac en propose l’une des possibles traversées.

En suivant au sol un fil d’Ariane composé pour l’essentiel de mots du philosophe allemand Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (La voie de l’émotion retenue), le visiteur est ainsi invité à arpenter La salle de la Vanité, et La salle de l’amour, de l’art, puis La salle du maître étalon, pour finir par La salle du Fonds, cette dernière bifurquant vers La salle des enfants morts ou La salle des Petits soldats, comme s’il arpentait la maison de l’artiste, laquelle située à quelques kilomètres d’Ornans où naquit Courbet regorge de ses productions, de ses collections, de ses souvenirs et probablement de fantômes.

Il y rencontrera une oeuvre qui mélange allègrement d’un côté, rigueur, affect, causticité, pessimisme, et de l’autre, écriture, langage, passé, présent. Gérard Collin-Thiébaut nous souffle ainsi que « l’objectif et le subjectif se confondent, que le mot et l’idée sont consubstantiels ». Il nous parle du pouvoir unifiant de l’art avec ici la présence en filigrane de Schelling qu’il relie avec raison à Henri-Frédéric Amiel dont il copie le Journal. Bref, l’artiste poursuit avec facétie dans son exposition à programme (« comme musique à programme » dit-il), le questionnement sur le statut de l’art et de l’artiste qu’il a engagé il y a plus de 30 ans.

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