La nuit dans l’atelier avec Isaku Yanaihara

Fondation Giacometti -  La nuit dans l’atelier avec Isaku Yanaihara

Isaku Yanaihara, A Travers Paris

Isaku Yanaihara

Isaku Yanaihara (1918-1989) était professeur de philosophie au Japon, connaisseur de l'œuvre de Sartre, de Genet et de Camus dont il traduisit en japonais « L'Etranger ». Il connut Alberto Giacometti à Paris en 1955 et il posa pour l'artiste régulièrement, en 1956 puis lors de ses séjours l'été en France, en 1957, 1959, 1960 et 1961. Dans plusieurs textes, dont un article publié dans la revue « Derrière le miroir » en 1961, il a décrit ces longues séances de pose, l'artiste et le modèle cherchant à s'épuiser mutuellement. Le travail sur le portrait de Yanaihara permit à Giacometti de pousser à bout sa recherche de « copier une tête exactement comme on la voit »

Avec Giacometti, Isaku Yanaihara

“ - J’ai travaillé de mémoire toute la nuit, à présent je vois votre visage beaucoup mieux qu’avant. Je me trompais entièrement jusqu’à hier… en me trompant sur un point je me trompais sur tout. Il faut reprendre la totalité depuis le début. Nous allons faire d’immenses progrès aujourd’hui, j’en suis convaincu, parce que j’ai maintenant le courage qu’il me fallait.”

“ Mais quand même, il fait si sombre, ça ne vous empêche pas de travailler ? On ne voit presque rien…

- C’est vrai, on ne voit presque rien, mais ça n’est pas plus mal, parce que le plus important que je ne voyais pas quand il faisait clair se met à briller dans l’obscurité.”

“ Nuit noire - il pose enfin son pinceau et, comme d’habitude, il examine le le travail du jour à la lumière de la lampe. C’est encore plus effacé que la veille, mais le volume de la tête se dégage beaucoup plus nettement.

“ Aujourd’hui ça ne se voit pas mais j’ai drôlement avancé. Demain ça ira dix fois mieux.”

“ Les journées s’assombrissaient en un clin d’oeil et les jours s’envolaient. On dit que le temps file comme une flèche, mais il n’a jamais passé aussi vite que durant ces séances de pose avec Giacometti. Et c’était encore plus vrai pour lui, qui s’absorbait dans sa tâche sans avoir d’horloge pour mesurer le temps. Travailleur silencieux qui demande soudain, en pleine nuit : “Quelle heure est-il ?””

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