5. Qu'est-ce qu'une tête ?
La question de la tête humaine fut le sujet central de la recherche de Giacometti toute sa vie, et une des raisons de son éloignement du groupe surréaliste en 1935. Pour lui, à cette date, la représentation d’une tête, qui semblait un sujet banal, était loin d’être résolue. La tête et surtout les yeux sont le siège de l’être humain et de la vie dont le mystère le fascine.
Après la Tête-crâne de 1934, élaborée après la mort de son père Giovanni en 1933, ses multiples variations sur les têtes montrent que le sujet ne peut être épuisé, d’autant que s’y conjugue la question de l’échelle : pour Giacometti, rendre sa vision avec exactitude c’est aussi donner la distance avec laquelle le sujet a été regardé.
Dans les années trente, les modèles de ses recherches sur la tête sont son frère Diego, une amie artiste anglaise Isabel (Delmer) et un modèle professionnel, Rita (Gueyfier). Isabel, vue de loin au Quartier Latin, est le sujet d’une de ses toutes premières figurines miniatures. Après son retour à Paris en septembre 1945, Giacometti démontre à nouveau que la monumentalité est dissociée de la taille, en exécutant des portraits de petit format de personnalités importantes : la mécène Marie-Laure de Noailles, l’écrivain Simone de Beauvoir qu’il a rencontrée en 1941, et, à la demande de Louis Aragon, le héros de la Résistance Rol-Tanguy.