4. Objets
La création d’objets d’art décoratif montre l’intérêt de Giacometti pour les objets utilitaires qu’il admirait dans les sociétés antiques ou primitives. En 1931, Giacometti avait créé une nouvelle typologie de sculptures, les « objets mobiles et muets » : des objets au mouvement latent et suggéré, qu’il faisait exécuter en bois par un menuisier.
Comme l’Objet désagréable ou l’Objet désagréable à jeter, la Boule suspendue établit un pont entre l’objet et la sculpture et interroge le statut même de l’œuvre d’art. Dans certaines de ces sculptures, Giacometti recourt pour la première fois au procédé de la « cage », qui lui permet de délimiter un espace onirique de représentation.
À partir de 1930, Giacometti crée de nombreux objets utilitaires : lampes, vases, appliques qui étaient vendus par le décorateur d’avant-garde Jean-Michel Frank. Il conçut aussi des bas-reliefs en plâtre ou en terre-cuite pour des commandes spéciales, notamment pour l’hôtel particulier des Louis-Dreyfus à Paris. En 1939, il est l’un des artistes sollicités pour une grande commande d’un collectionneur argentin pour lequel il dessina des cheminées, des lustres, des consoles. Juste avant l’envoi à Buenos Aires, le décor complet, coordonné par Jean-Michel Frank, est installé dans une maquette à grandeur réelle à Paris. Après la guerre, Giacometti continue à créer d’autres objets dont une lampe en 1950, inspirée de la statuaire dogon et des objets funéraires égyptiens, ou un foulard en 1959 pour une commande de son galeriste Aimé Maeght.