Fondation Giacometti

Emily Carr (1871-1945) est une artiste de la Colombie britannique que son désir de peindre a vite conduit, loin de sa ville natale, Victoria, à San Francisco, puis à Londres et enfin à Paris et en Bretagne où elle s’est donnée les moyens plastiques de son grand projet pictural autour des mats totémiques et des cultures autochtones de la Côte Ouest.
Mais de retour au pays, le « langage joyeux de l’art moderne» qu’elle avait pratiqué durant son séjour en France fut si mal reçu que l’artiste renonça peu à peu à son projet, puis à la peinture. Pourtant, l’œuvre peint d’Emily Carr occupe depuis presque cent ans une place incontournable dans le récit de la modernité canadienne. Ce statut est en effet antérieur aux redécouvertes inspirées par le féminisme des années 1970. Pourtant cette reconnaissance institutionnelle, puis populaire, fut dès l’origine motivée par des questions d’altérité et d’assimilation nationale. Cette présentation sera l’occasion de considérer comment les modernités plastiques au Canada puis au Québec ont été construites sur des récits d’appropriation politique fort différents et qui, au-delà du 49e parallèle nord, ont coloré tout au long du 20e siècle la pratique et la réception de l’art contemporain.