Main prise, Photo Man Ray

Du 21 nov. 2019 au 16 févr. 2020

Giacometti / Sade. Cruels objets du désir

Paris, France
À l'Institut Giacometti

En 1933, Alberto Giacometti écrit à André Breton : « Hier lu Sade qui me passionne beaucoup ». Dans les années 1930, il réalise des « objets à fonctionnement symbolique » d’un érotisme violent, similaire à celui des écrits de D.A.F. de Sade. L’époque est à la réhabilitation du divin Marquis, modèle de liberté et de modernité pour les artistes et les écrivains. Le philosophe libertin fascine Giacometti et ses amis, parmi lesquels Georges Bataille, André Masson, Luis Buñuel, Salvador Dalí. Cette exposition évoque pour la première fois l’influence des écrits sadiens dans son œuvre et dans ses textes. Elle réunit une grande partie des œuvres surréalistes réalisées entre 1929 et 1934, des photographies d’œuvres disparues et de nombreux carnets de dessins inédits.

Commissaires : Christian Alandete et Serena Bucalo-Mussely

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Dans les années 1930, Alberto Giacometti réalise des objets à fonctionnement symbolique traversés par l’imaginaire d’un érotisme violent qui trouve son pendant dans les écrits de D.A.F de Sade. Alors que Giacometti rallie, pour un temps, le mouvement surréaliste, l’époque est à la réhabilitation du divin Marquis et de ses écrits sulfureux. Formé à la représentation d’après nature, Giacometti privilégie désormais une vision subversive du réel portée par l’inconscient et le rêve et réalise des sculptures qui lui apparaissent « offertes tout achevées à son esprit ». Le nom de Sade, « le plus moderne et dépouillé » revient à plusieurs moments dans les carnets de l’artiste tiraillé entre la représentation de fantasmes souvent violent et le désir de revenir à la représentation du réel.

Bien avant de découvrir Sade, le jeune Giacometti dessine des copies d’après des sujets religieux représentant des scènes de violence. A partir de 1929, ses sculptures et ses textes se rapprochent de l’univers sadien. Giacometti a rejoint les membres du cercle surréaliste qui ont contribué à la redécouverte de Sade, d’abord les dissident réunis autour de Bataille, puis le groupe orthodoxe de Breton. Ces artistes ont placé l’imaginaire, les fantasmes et le rêve au cœur de leur programme artistique. Le nom de Sade revient à plusieurs reprises dans ses carnets de l’époque, dans lesquels l’artiste dessine des sculptures à forte charge érotique, schématisant des organes sexuels ou représentant des scènes de voyeurisme ou de prostitution.

L’évocation de la relation sexuelle apparaît dans de nombreuses œuvres entre 1929 et 1933. Le corps y est représenté de manière allusive par un détail organique ou sous une forme à la fois animale et végétale. L’artiste représente la tension d’une sexualité envisagée comme un combat entre les deux sexes. Giacometti a abandonné la sculpture naturaliste au profit d’une représentation symbolique évoquant la pénétration, le viol et parfois le meurtre, point ultime du plaisir sadien, dans laquelle il s’agit de libérer les pulsions sexuelles en faisant coïncider le plaisir et la mort.

En 1931, Giacometti réunit sous le titre Objets mobiles et muets une série d’œuvres équivoques qui se rapprochent des images à double sens et de l’humour noir des surréalistes. Par leur caractère instable et menaçant ces œuvres dégagent une violence physique et psychique. Ces sculptures prennent la forme d’objets frôlant l’abstraction, tout en suggérant un rapport avec le corps. Ces œuvres manipulables évoquent des instruments de plaisir sadiques provoquant une « émotion violente et indéfinissable, en rapport sans doute avec des désirs sexuels inconscients ». (Maurice Nadeau)

Ces objets surréalistes génèrent souvent un sentiment de frustration, annonçant un danger imminent qui finalement n’aura pas lieu, comme pour acter l’écart entre le fantasme et la réalité. La métaphore de l’œil apparaît dans plusieurs de ces œuvres, évoquant la possibilité d’une incision ou d’une pénétration. Celles-ci se rapprochent de l’utilisation érotique et sadique de l’œil par Buñuel, Dalí et Bataille. Giacometti semble évoquer la pulsion scopique que Freud avait défini comme le plaisir de posséder l’autre par le regard. L’artiste ménage un espace poétique mettant en scène un véritable théâtre de la cruauté.

Publications

Giacometti / Sade. Cruels objets du désir

Editions Fage, Lyon, Fondation Giacometti, Paris 2019

Français/Anglais

160 p.
26 €

Vidéos

Cruels objets du désir : la rencontre entre Sade et Giacometti

Revue de presse
Autour de l'exposition
30 janv. 2020

Sade et la politique, conférence de Stéphanie Genand

Dans le cadre de l'exposition "Giacometti / Sade, Cruels objets du désir", Stéphanie Genand pose la question de la politique dans l'univers sadien lors d'une conférence le 30 janvier 2020 au Giacometti LAB. 

 

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18 janv. 2020

Anne Kessler lit Sade.

A l'occasion de la Nuit de la lecture le 18 janvier 2020 et dans le cadre de l'exposition "Giacometti / Sade, Cruels objets du désir", Anne Kessler reprend son interprétation des écrits du sulfureux Marquis de Sade à l'Institut Giacometti

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30 nov. 2019

Performance de François Chaignaud et Cecilia Bengolea

Danse contemporaine

La danse contemporaine s’invite à l’Institut Giacometti avec une performance exceptionnelle de François Chaignaud et Cecilia Bengolea le samedi 30 novembre à 18h30 et 19h30.

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29 nov. 2019

Projection du Film Karima

Cycle Cinema

Dans le cadre de l'exposition « Giacometti / Sade, Cruels objets du désir », l'Institut Giacometti et le cinéma d'art et d'essai Chaplin Denfert proposent un programmation de film dont Karima - un film documentaire de Clarisse Hahn, le vendredi 29 novembre à 20h30. La projection sera suivie d'une discussion avec Clarisse Hahn et Karima, animée par Christian Alandete.

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03 nov. 2019

Projection du Film O Fantasma

Cycle Cinema

Deuxième rendez-vous cinéma de l'Institut Giacometti et du cinéma d'art et d'essai Chaplin Denfert avec la projection de O Fantasma, un film de João Pedro Rodrigues, le mardi 3 décembre à 20h30. La projection sera suivie d'une discussion avec João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata, animée par Alice Martel.

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